DÉCLARATION
D’OUVERTURE DE KAREN HOGAN, CPA, CA,
VÉRIFICATRICE
GÉNÉRALE DU CANADA
DEVANT LE
COMITÉ PERMANENT DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES ET DES PRÉVISIONS BUDGÉTAIRES
RAPPORTS DE LA VÉRIFICATRICE GÉNÉRALE DU CANADA DE 2021
RAPPORT 6— La Prestation canadienne d’urgence
RAPPORT 7— La Subvention salariale d’urgence du Canada
RAPPORT 8— Préparation en cas de pandémie, surveillance et mesures de contrôle aux
frontières
Le 26 avril
2021
1.
Monsieur le président, merci
de nous donner l’occasion de discuter de nos récents rapports d’audit sur la
réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19, qui ont été déposés à la
Chambre des communes le 25 mars dernier. Je
suis accompagnée de Jo Ann Schwartz, Philippe Le Goff, Carol McCalla et Chantal
Richard, les directeurs principaux qui étaient responsables des audits.
2.
Les rapports présentés sont les premiers audits de mon
bureau sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. Nous ferons
d’autres audits sur ce sujet.
3.
Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a
déclenché une situation d’urgence à l’échelle mondiale. Les gouvernements ont
dû se mobiliser pour répondre rapidement aux répercussions sociales,
économiques et de santé publique de la pandémie. Le Canada n’a pas fait
exception.
4.
Nous avons constaté que le gouvernement n’était pas
aussi prêt qu’il aurait pu l’être pour affronter une pandémie de cette
envergure. Malgré cela, la fonction publique s’est mobilisée, elle a mis la
priorité sur les besoins de la population canadienne et elle a livré rapidement
soutien et services.
5.
Je vais parler d’abord de la Prestation canadienne
d’urgence. Le gouvernement voulait utiliser cette prestation pour fournir
rapidement un soutien financier aux particuliers admissibles.
6.
Nous avons constaté que le ministère des Finances
Canada, Emploi et Développement social Canada et l’Agence du revenu du Canada
avaient relevé le défi et travaillé rapidement pour analyser, concevoir et
verser la Prestation canadienne d’urgence.
7.
Pour simplifier le processus et accélérer le versement
des prestations aux particuliers, Emploi et Développement social Canada et
l’Agence du revenu du Canada ont décidé de s’appuyer sur les attestations
personnelles et sur les contrôles automatisés préalables au paiement pour
valider l’admissibilité des demandeurs. Une fois la prestation lancée, le
Ministère et l’Agence ont introduit d’autres contrôles préalables au paiement
pour limiter les abus éventuels.
8.
Vu la décision de s’appuyer sur les attestations
personnelles, les vérifications après paiement deviennent très importantes.
Emploi et Développement social Canada et l’Agence du revenu du Canada comptent
entreprendre plus tard cette année leurs travaux de vérification après paiement
se rapportant à la Prestation canadienne d’urgence. Ces travaux feront l’objet
d’un prochain audit.
9.
Passons maintenant à notre audit de la Subvention
salariale d’urgence du Canada. Dans cet audit, nous avons relevé un désir
semblable d’apporter une aide rapide, dans ce cas aux entreprises. Le ministère
des Finances Canada et l’Agence du revenu du Canada ont encore une fois
travaillé ensemble dans des délais serrés pour appuyer la conception et le
lancement du programme de la Subvention salariale d’urgence du Canada.
10. La conception et le
lancement de la subvention ont fait ressortir des faiblesses préexistantes dans
les systèmes, les méthodes et les données de l’Agence du revenu du Canada. Ces
faiblesses devront être réglées pour accroître la robustesse du régime fiscal
canadien. Afin d’accorder la priorité au versement de la subvention, l’Agence a
pris des décisions quant aux renseignements qu’elle demanderait et aux
contrôles qu’elle exercerait au préalable. Par exemple, l’Agence a décidé qu’elle
ne demanderait pas aux employeurs de fournir le numéro d’assurance sociale de
leurs employés, même si ce renseignement aurait pu l’aider à prévenir le
dédoublement des demandes de soutien financier. Cette décision, de même que
l’absence de données fiscales complètes et à jour, a limité la capacité de
l’Agence à entreprendre les validations préalables au paiement qui lui auraient
permis d’évaluer efficacement les demandes de subvention.
11. Je vais passer
maintenant à notre dernier audit, qui a porté sur la préparation en cas de
pandémie, la surveillance et les mesures de contrôle aux frontières.
12. Nous avons constaté
que l’Agence de la santé publique du Canada n’était pas aussi bien préparée
qu’elle aurait pu l’être pour faire face à la pandémie de COVID-19. Les plans
d’urgence et d’intervention n’étaient pas tous à jour ni testés, et les
ententes d’échange de données avec les provinces et les territoires n’étaient
pas finalisées.
13. L’Agence s’est fiée
à un outil d’évaluation des risques en phase pilote qui n’était pas conçu pour
évaluer le risque de pandémie. L’Agence a continué à évaluer ce risque comme
étant « faible » malgré la hausse du nombre de cas de COVID-19 au
Canada et dans le monde. De plus, le Réseau mondial d’information en santé
publique n’a pas diffusé d’alerte relative au virus responsable de la COVID-19.
14. Je suis découragée
de constater que l’Agence de la santé publique du Canada n’a pas agi pour
régler des problèmes de longue date, dont certains ont été signalés à plusieurs
reprises depuis plus de deux décennies. Ces problèmes ont eu des répercussions
négatives sur l’échange de données de surveillance entre l’Agence et les
provinces et territoires. L’Agence a pris des mesures en lien avec certains de
ces problèmes durant la pandémie, mais il lui reste encore beaucoup de travail
à faire sur les ententes d’échange de données et sur son infrastructure de
technologies de l’information pour mieux soutenir la surveillance nationale des
maladies à l’avenir.
15. Nous avons aussi
constaté que l’Agence de la santé publique du Canada et l’Agence des services
frontaliers du Canada avaient mis en œuvre des restrictions aux frontières et
des mesures de mise en quarantaine. Elles ont fourni des directives et des
outils aux voyageurs et aux travailleurs essentiels entrant au pays pour les
informer des exigences en matière de santé publique. Toutefois, l’Agence de la santé publique du Canada
n’avait pas envisagé ou planifié une quarantaine nationale, en commençant par
la collecte d’information auprès des voyageurs jusqu’à toute la gamme des
contrôles de conformité, y compris les suivis auprès de personnes signalées
comme étant à risque de ne pas respecter la quarantaine. Par conséquent,
l’Agence ne sait pas si la majorité des voyageurs ont bien respecté les mesures
de quarantaine.
16. Ces audits ont
examiné des programmes qui ont été mis en œuvre en un temps record. En pleine
pandémie, la fonction publique a mis l’accent sur le besoin pressant : aider la
population canadienne. En une année, la pandémie a montré que quand la fonction
publique doit agir, la fonction publique peut agir.
17. Cette crise a fait
ressortir l’importance d’agir rapidement pour régler les problèmes connus,
qu’il s’agisse de s’entendre sur quelle organisation sera la première
responsable, qui fera quoi à quel moment, qui rendra compte de quoi à qui, ou
encore de remplacer des systèmes ou des méthodes de travail dépassés ou
d’améliorer la qualité des données. On veut éviter d’avoir à se pencher sur ce
genre de problèmes quand on s’efforce en même temps d’aider les gens, et ce,
parce que ce n’est pas une façon efficace de travailler ou de servir les
Canadiens et les Canadiennes. Les organisations gouvernementales doivent faire
mieux au plan de la collaboration.
18. Nous avons fait des
recommandations à l’intention de chacune des organisations auditées, qui les
ont toutes acceptées.
19. Monsieur le
président, je termine ainsi ma
déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions du
comité. Merci.